En dénonçant tout projet de s’allier
avec le parti Juwa, puis en annonçant sa dernière volonté d’alliance avec ce
parti, Mouigni Baraka mène une stratégie de fluidité, une stratégie qui lui
renvoie dans les limbes. Ce lieu un peu flottant, intermédiaire, d’à-côté, et indéterminé
lui confronte à d’innombrables défis énormes. Telle alliance aura plusieurs conséquences
sur son avenir politique. Sans doute, il peut apporter un supplément de pouvoir
à Sambi, mais sa position au sein de cette coalition JUWA/PEC paraît fragile. Et
pourrait être affaibli par le leader du PEC.
Certes, Fahmi Saïd Ibrahim n’apporte
pas grand-chose au parti Juwa en termes de réserves électorales, mais lui, il bénéficie
de la confiance relative de Sambi lui-même. Quant au gouverneur de Ngazidja, Mouigni
Baraka, malgré son apport politique et de réserves électorales à cette
coalition, il aura du mal à bénéficier de la confiance du Mollah. Grâce à cette
alliance, Mouigni Baraka aura probablement deux conseillers-députés et le président
du Conseil de l’île. Il pourrait également acquérir un capital politique à court
terme, mais ce capital pourrait se transformer très vite en handicap politique lors
des prochaines échéances. Il risquerait même de perdre sa place de gouverneur et
de rendre improbable son rêve de Beit-salam.
De cette alliance, Mouigni Baraka
peut avoir un rôle capital, voire de meneur de jeu au cœur du pouvoir législatif
pendant un an, mais les risques d’être renvoyé au cimetière politique ne sont
pas moindres.
D’un autre côté, toute alliance avec
la coalition de la mouvance UPDC/CRC/RADHI n’est pas non plus facile pour lui,
car elle est aussi semée d’embûches. Autant les relations entre lui et Mamadou
et avec une fraction d’UPDC sont tendues, autant il se trouvera dans une situation
telle qu’il sera obligé de revoir ses ambitions présidentielles. Cette
stratégie de tout changer pour conserver lui permettra de sauver sa place de
gouverneur ou de tenter un poste de valeur égale, ou de vice-président. Pragmatique,
cette stratégie est la plus payante. Car elle lui crée toutes les conditions objectives
de lui faire prolonger la durée de sa vie politique, et peut être même, de lui ouvrir
la voie à des occasions de réhabilitation politique et de son image.
C’est dire que le blocage dont le
Conseil de l’île de Ngazidja est l’objet, et certainement condamnable, n’est
pas seulement le résultat désastreux du déploiement agonistique de certains conseillers
de la mouvance qui se donnent en spectacle de figuration, mais également le
fruit de cette stratégie de tâtonnement dont Mouigni Baraka est le sujet. En arbitre,
son destin et son avenir politique se jouent dans ces derniers instants et dépendent
de l’issue de ce jeu de doublure et de tiraillement.
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