jeudi 19 mars 2015

Mouigni Baraka joue son destin politique dans ses jeux d’alliances



En dénonçant tout projet de s’allier avec le parti Juwa, puis en annonçant sa dernière volonté d’alliance avec ce parti, Mouigni Baraka mène une stratégie de fluidité, une stratégie qui lui renvoie dans les limbes. Ce lieu un peu flottant, intermédiaire, d’à-côté, et indéterminé lui confronte à d’innombrables défis énormes. Telle alliance aura plusieurs conséquences sur son avenir politique. Sans doute, il peut apporter un supplément de pouvoir à Sambi, mais sa position au sein de cette coalition JUWA/PEC paraît fragile. Et pourrait être affaibli par le leader du PEC.
Certes, Fahmi Saïd Ibrahim n’apporte pas grand-chose au parti Juwa en termes de réserves électorales, mais lui, il bénéficie de la confiance relative de Sambi lui-même. Quant au gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka, malgré son apport politique et de réserves électorales à cette coalition, il aura du mal à bénéficier de la confiance du Mollah. Grâce à cette alliance, Mouigni Baraka aura probablement deux conseillers-députés et le président du Conseil de l’île. Il pourrait également acquérir un capital politique à court terme, mais ce capital pourrait se transformer très vite en handicap politique lors des prochaines échéances. Il risquerait même de perdre sa place de gouverneur et de rendre improbable son rêve de Beit-salam.
De cette alliance, Mouigni Baraka peut avoir un rôle capital, voire de meneur de jeu au cœur du pouvoir législatif pendant un an, mais les risques d’être renvoyé au cimetière politique ne sont pas moindres.
D’un autre côté, toute alliance avec la coalition de la mouvance UPDC/CRC/RADHI n’est pas non plus facile pour lui, car elle est aussi semée d’embûches. Autant les relations entre lui et Mamadou et avec une fraction d’UPDC sont tendues, autant il se trouvera dans une situation telle qu’il sera obligé de revoir ses ambitions présidentielles. Cette stratégie de tout changer pour conserver lui permettra de sauver sa place de gouverneur ou de tenter un poste de valeur égale, ou de vice-président. Pragmatique, cette stratégie est la plus payante. Car elle lui crée toutes les conditions objectives de lui faire prolonger la durée de sa vie politique, et peut être même, de lui ouvrir la voie à des occasions de réhabilitation politique et de son image.
C’est dire que le blocage dont le Conseil de l’île de Ngazidja est l’objet, et certainement condamnable, n’est pas seulement le résultat désastreux du déploiement agonistique de certains conseillers de la mouvance qui se donnent en spectacle de figuration, mais également le fruit de cette stratégie de tâtonnement dont Mouigni Baraka est le sujet. En arbitre, son destin et son avenir politique se jouent dans ces derniers instants et dépendent de l’issue de ce jeu de doublure et de tiraillement.