dimanche 4 mai 2014

Le congrès de la CRC, une belle démonstration de force

Une belle réussite

Le congrès était impressionnant, la foule immense,  la scénographie spectaculaire avec des milliers de sympathisants venus de centaines de cars acclamer son héros. Le foyer de femmes de Moroni était plein à craquer et des milliers d’autres  étaient dehors sous un soleil accablant. Des bus continuaient à affluer sur  la place de l'indépendance. Des jeunes hommes et femmes, universitaires collégiens et lycéens comme tant d’autres citoyens  ouvriers, employés, jeunes cadres, anonymes, scandaient tout,  avec la même musicalité dégagée et une profonde assurance «  on va gagner », « Azali, retour en 2016 ».
 A l'entrée en scène de l’ex président, tout le monde s'est levé  et la salle s’échauffe submergée des casquettes au couleur de la CRC et du pays, « On va gagner » « Azali Président » revient toujours.
Pendant près  20 mn, l’ex président s'est efforcé d’affirmer son image d’homme d’Etat, à travers un discours souvent interrompu à plusieurs reprises par des « On va gagner ».
Mais c’est la participation massive des sympathisants anjouanais qui a été beaucoup marquante. On attendait  deux centaine des sympathisants, ils étaient le triple, avec une coloration tout à fait  particulière, la présence d’une association de femme venues spécialement  chanter et  danser  leur héros le président Azali Assoumani.
Tout avait été organisé dans le moindre détail pour que soit réservé un accueil triomphal à Azali Assoumani  lorsqu'il est monté sur  scène.
Cette grande messe organisée par la grande machine de la CRC est impressionnante. C’est une belle réussite. Tout a été fait pour donner un habillage d’évènement historique à ce congrès le lieu, le temps, et la personne. C’est une mise en scène qui frappe par sa solennité, son caractère crcien et azalien.
 Une nouvelle forme d’expression
 De même, la qualité formelle de la langue, la brièveté de l’allocution, tout cela en à peine 20  minutes. Cette durée n'est pas anodine : c’est celle qui convient aux grands évènements historiques, tout comme la structuration du discours en trois parties.
Le discours d’Azali Assoumani  par sa cohérence venue de loin, est le plus rassurant. Dénonçant l’intégrisme, rompant avec les codes lexicaux ou la bienséance discursive, Azali Assoumani  invente une nouvelle forme d'expression discursive.
Les armes d’Azali Assoumani relève d’un même type de procédé rhétorique, figure rythmique, l’anaphore.
« L’unité nationale est sacrée….
Respecter cette unité c’est agir et se comporter en citoyens responsables …
Respecter l’unité nationale c’est contribuer à la consolidation de ses institutions démocratiques…
Respecter l’unité nationale, c’est respecter la lettre et l’esprit de la déclaration d’indépendance, …
c’est respecter la lettre et l’esprit de la Constitution»
Son discours se construit sur cette figure  et donne  une profondeur du sens, et produit  un effet performatif.
Puis une autre figure de style rythmique, la suspension et ici qui se rapproche un peu de la métaphore : parler d’une chose sans la nommer explicitement,
« Nous assistons depuis un certain nombre d’années, à la prolifération des sectes et des idées sectaires voire, à l’émergence d’un rigorisme douteux et d’un intégrisme religieux inconnu jusqu’ici dans notre pays »
Cette figure de style facilite l’attention. Précise son adversaire, qui n‘a pas de visage, n’a pas de nom. Elle mobilise le pathos, rend possible un sentiment de mobilisation, d’exaltation.
Dans le fond, le discours d’Azali Assoumani présente une certaine régularité. Dans ce discours, l’ex président est entrain de construire un récit.  Le récit avant le projet, le projet avant le programme. Le récit d’un homme qui a approfondi sa réflexion, choisi la forme de ses discours, et précise son projet: construire une démocratie consensuelle, sa doctrine politique.

Sa  doctrine, une démocratie consensuelle

Dans ce discours, Azali Assoumani précise ses principes : l’unité sacrée de la Nation. Le fondement, une république du Respect. Sa vision:   une nation capable de se prendre en charge, loin de l’assistanat et de la mendicité. Il projette alors sa politique de relance économique et de la valeur travail.
C’est dire que le discours d’Azali Assoumani se structure en trois grandes parties. Cette ternarité du discours  renvoie d’abord à l‘histoire de la Convention pour le Renouveau des Comores,  de ses principes  sacrés et de sa doctrine politique, et de sa vison de l’avenir.
Il rappelle les circonstances dans lesquelles la Convention du renouveau pour le Comores a fait date. Il relate les épreuves traversées par ce mouvement politique, vante le courage de leurs dirigeants, admire la détermination des militants et retrace un nouveau souffle  et un nouveau départ.
Azali Assoumani n’a pas manqué de rappeler  les acquis de cette histoire des Comores : la stabilité politique et l’alternative démocratique.
Venu en homme rassembleur, d’une stature présidentielle, au-delà de la mêlée, fidèle au principe  méritocratique, il n’attribue pas  cette victoire au parti, « il s’agit d’une œuvre collective de tous les patriote de ce pays », dit- il.
Ses mots préférés : l’unité et la Nation. Il en fait un principe sacré et l’insère dans une figure  rythmique donnant une musicalité et une profondeur du sens. « L’unité nationale est sacré » 
Dans ce discours, il trace son ambition pour le parti : la CRC  doit  être un  parti dominant et influent. Et non un parti d’appoint : 
« En tant que formation qui a contribué à cette  stabilité politique, elle doit assumer ses propres responsabilités et, en être l’un des principaux défenseurs et les garants des institutions démocratiques »
Dans ses thématiques, on trouve   la cohérence de sa personnalité d’homme de paix et de consensus, un homme rassembleur.

Ses concepts  préférés et le génie comorien

 Il s’attache beaucoup à l’unité et à la Nation. C’est un homme qui aime les mots « nation », le mot « travail »,  le mot, « dignité » et le mot « liberté »….
Dans ce discours, il rappelle le génie du peuple comorien, celui sur qui sont  fondés notre richesse, nos atouts, notre aspiration à la paix et à  la bonne gouvernance : La force de la jeunesse et  l’intelligence comorienne.
Défendeur de  la paix,  il trace le chemin, propose la vision, et définit les menace qui pèsent sur les consciences : c’est l’intégrisme religieux, ennemi de ce qui fonde notre identité, cet Islam sunnite. Autres menaces évoquées dans le discours, c’est la culture de la mendicité et le chômage qui enlève le sentiment de dignité sociale. Une menace contre laquelle il propose de créer des opportunités pour créer de l’emploi.
Sa vision est de rendre à la Nation comorienne le sentiment de fierté et de la liberté,  la capacité de croire en nous-mêmes :
« Une Nation ne se nourrit pas seulement des valeurs de sa religion aussi nobles qu’elles soient ni de la qualité de ses institutions, aussi démocratique qu’elles puissent être.
Une Nation doit pouvoir puiser ses forces dans ses ressources propres et croire en elle-même.
Aucune mine d’or, aucun gisement de pierres rares, aucune manne pétrolière ne peut remplacer les ressources humaines dont notre pays regorge. »
 Il revalorise  les  intelligences, il  place  la confiance au peuple comorien, il reconnaît ses atouts comme ses ressources.
 Dans un monde globalisé et de mutations,  Azali Assoumani rappelle la nécessité de renforcer  les formes de solidarité. Il invite au pragmatisme et à la recherche du grand intérêt national comme garant d’un avenir meilleur.

Son goût de l’Histoire

Ayant un goût de l’histoire et de  la place qu’il veut y occuper, Azali Assoumani  rend un vibrant hommage à ceux qui ont construit le pays qui ont lutté pour l’indépendance.
C’est un discours de rassemblement ; de vision, de clarification quant à sa doctrine, ses principes, son rapport à la nation  et les combat à  mener dans les échéances futures.

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